Bavure

Il s'appelle Moussa Konaté, un jeune garçon d'la banlieue

Il rêve de devenir médecin mais la cité c'est dangereux

Des fois elle vient voler nos rêves quand elle nous propose la bicrave

Des fois elle nous propose la mort quand les problèmes rencontrent les armes

Moussa est un sans-papiers, il a grandi en Guinée

Il est arrivé en Europe pour simplement étudier

Il ne traine pas en bas d'la tour,s il préfère devenir un building

Maman est restée au pays et papa travaille à l'usine

Il souhaite retourner au pays quand il sera diplômé

Passer toute sa vie en Europe ça n'l'a jamais intéressé

Et comme chaque jour se ressemble, Moussa découvre la routine

Et sur son magnifique accent ses bons amis le taquinent

Moussa veut devenir médecin car il a perdu sa sœur

Une maladie l'a emportée, laissant sa famille en pleurs

Depuis ce jour, il veut se battre face à toutes sortes de maladies

Même s'il a connu la mort maintenant il veut sauver des vies

Apprécié des professeurs, apprécié par ses camarades

Moussa est le chouchou d'la classe, on l'appelle « jeune petit nomade »

Car il habite le cœur des siens et se déplace de cœur en cœur

Et il a toujours une pensée pour sa belle défunte sœur

On est le 17 décembre, il est dix-huit heures cinquante-quatre

Moussa vient de finir les cours et se dirige vers son appart'

Il avait prévenu son père qu'il rentrerait un peu plus tard

Et puis vous savez en hiver à dix-huit heures, il fait tout noir

Il venait de rater son bus alors il décide de marcher

Entre l'école et la cité c'est un bon trente minutes à pied

Et Il lui restait vingt minutes avant d'arriver chez lui

Il voulait se reposer, il a étudié toute la nuit

Mais malheureusement pour lui, il fut interpelé

Interpelé par la police, « contrôle routinier »

« Monsieur, montrez-nous vos papiers, c'est un contrôle de routine

Rien à voir avec la couleur de votre mélanine »

Une carte de séjour, l'un des policiers rigole

Des moqueries sur son accent, Moussa s'en étonne

« Monsieur, respectez-moi, j'aimerais bien rentrer chez moi

En plus de ça il se fait tard et puis vous savez, moi, j'ai froid »

Le policier en question est de plus en plus agressif

Et sort des phrases hors de contexte, Moussa est pris pour cible

Il a beau lui expliquer qu'il est ici pour les études

Mais que cherchait ce policier ? À croire que tout ça l'amuse

Moussa perd patience, il ne peut plus rester calme

Une provocation de trop et le voilà qu'il pète un câble

Il devient nerveux et ça amuse le policier

Ses collègues ne sont pas d'accord, il veut se faire le sans-papiers

« Laisse-le, viens, on y va », lui répètent encore ses collègues

« Les gars, ne vous en mêlez pas, je n'ai pas besoin de votre aide »

Il colle sa tête à celle de Moussa, cette fois c'est le geste de trop

Moussa repousse le policier, le voilà qu'il tombe sur le dos

Il se relève, lui en colle une, Moussa reçoit un tas de coups

Dans l'entretien des hommes violents, la mort est bien au rendez-vous

Moussa est menotté et le voilà plaqué au sol

Ses collègues tentent de l'arrêter mais de toute façon lui s'en cogne

Il n'arrive plus à respirer, il a un genoux sur la gorge

Cela nous rappelle étrangement l'histoire de Floyd George

Il rêvait de sauver des vies et va devoir sauver la sienne

Mais Moussa est impuissant, le voilà tué par la haine

La haine d'un policier envers un sans-papiers

Venu chercher un bon diplôme, des fois l'humain est sans pitié

Moussa a quitté son pays mais ne reviendra plus jamais

Une victime de plus, les bavures ne s'arrêtent jamais

Zyed et Bouna, Traoré Adama

La liste est tellement longue, je crois que j'vais m'arrêter là