Lyrics

Alors que je rentrais d'une soirée mondaine, je me suis fait serrer du côté d'la Madeleine
Faut dire que le champagne ayant coulé à flot, j'étais moins près d'chez moi que proche de l'Ohio
Les flics m'ont reconnu, vu qu'je suis un people, ce qui m'a évité d'me faire casser la gueule
Mais j'ai pas pu couper au soufflage dans l'ballon, et vu la couleur du bidule, j'étais marron
J'étais prêt à passer ma nuit à dégriser, j'voyais déjà les points d'mon permis s'envoler
Là dessus pour m'emmerder et pensant découvrir des substances illicites et de l'herbe qui fait rire
Une fliquette zélée et pourtant pas trop moche sur un ton péremptoire me dis de vider mes poches
Okay, okay, d'accord, j'ai rien à me reprocher, et docile, j'obtempère, j'commence à déballer
Cinquante centimes d'euro, une pièce de cent sous
Une grue en Meccano, des albums de Spirou
La jupe de ma maman en vichy rouge et blanc
Qui annonçait le printemps
De beaux soldats de plomb et même un lance pierre
Ma cantine en carton, la traction de mon père
Notre grande maison, la canne de mon grand père
Et la crème de marrons de ma grand mère
Un T-Rex arrogant, l'homme de Néanderthal
L'olifant de Roland, son épée, Durandal
Le fameux cheval blanc, et l'panache d'Henri IV
Le nez de Cléopâtre
Le menhir d'Obélix, le chêne de Saint Louis
Un Vercingétorix, un Saint Exupéry
Le P'tit Prince qui m'a dit qu'il reviendrait mardi
Mais là, j'avais déjà grandi
Stop, stop, stop, n'en jetez plus, ça fout l'bordel, ça fout l'bordel
Stop, stop, stop, n'en jetez plus, ça fout l'bordel dans la rue
Le gradé qui gueulait, au bord d'l'apoplexie, que j'étais une menace pour l'ordre établi
Que tout ça c'était louche, qu'ça sentait la magouille, d'avoir autant de choses inutiles dans les fouilles
Et la fliquette aussi devenait hystérique, car dans tout ce merdier pas une trace de hakik
N'y tenant plus, elle craque, y met les mains et crac, elle craque mon futal et là, tout sort en vrac :
Le baptême de Clovis et le vase de Soissons
La place de Vallauris où y a l'homme au mouton
Mon tout premier Levis, pas encore 501
Et le Gaffiot pour le latin
Un Teppaz un peu nase pour écouter du jazz
Miles Davis et Parker, une mob' et un flipper
Un vilain duffle coat, un Godard, un Truffaut
Et un ascenseur pour l'échafaud
Une guerre en Algérie, un pavé de Paris
Quatre gars de Liverpool et des pierres qui roulent
Une déclaration des droits d'l'homme et du citoyen
Un morceau du mur de Berlin
Quelques révolutions de juillet, ou d'octobre
Et le fameux engin du docteur Guillotin
L'Orphée de Jean Cocteau, Le Penseur de Rodin
Et Le Guernica de Picasso
Stop, stop, stop, n'en jetez plus, ça fout l'bordel, ça fout l'bordel
Stop, stop, stop, n'en jetez plus, ça fout l'bordel dans la rue
C'est vrai qu'ça commençait à faire un peu barrage, et Paris n'était plus qu'un gros embouteillage
Les fics était furaxes et passaient pour des cons, la fliquette ne trouvant ni coke, ni chichon
Et avec le mépris dont les bourres ont l'secret, ils m'ont intimé l'ordre de dégager vite fait
Et à une heure du mat' je me suis retrouvé à tout remettre dans mes poches, et à tout remballer
Cinquante centimes d'euro, une pièce de cent sous
Une grue en Meccano, des albums de Spirou
La jupe de ma maman en vichy rouge et blanc
Qui annonçait le printemps
Et encore, tout n'était déballé, j'avais pas tout sorti
Il restait une barbe fleurie, une poule au pot
Une étoile jaune, un chiffon rouge, un taxi d'la marne
La Danse de Matisse, une glasnost, la godasse de Krouchtchev
Un Molière, un Shakespeare, une empreinte de pas sur la lune
Une Cadillac à Dallas, des tours jumelles, sept moines de Tibhirine
Une truie bleu Marine
J'vais pas en faire toute une histoire mais
L'avantage de ce grand déballage, c'est que les flics étaient tellement pressés que j'dégage
Que j'ai pas eu ma prune
Written by: Michel Fugain
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